Des griffes, des plumes et des pinceaux 🦜🖌️

Les animaux nous observent depuis les murs. Ils galopent, volent, rampent ou se faufilent dans les œuvres des artistes contemporains que nous exposons à la Galerie Graal. Tantôt drôles, tantôt symboliques, parfois mystérieux ou profondément humains, ils viennent enrichir un bestiaire artistique aussi touchant que surprenant.

Mais comment expliquer une telle présence animale dans l’art d’aujourd’hui ? Et que racontent ces créatures sur notre époque ? Pour y répondre, nous vous invitons à découvrir un florilège d’œuvres et d’artistes qui ont fait des bêtes leurs muses. Car à travers elles, c’est bien souvent de nous qu’il est question.

De la Préhistoire aux galeries d’art : une fascination immuable

L’homme dessine des animaux depuis la nuit des temps. Sur les parois des grottes de Lascaux ou d’Altamira, les bisons, les chevaux et les félins racontent un lien ancestral et sacré avec le monde animal. Ce lien, l’artiste Giuseppe Piermatteo l’explore dans sa série « L’empreinte des premiers hommes », une peinture inspirée de l’art pariétal où les silhouettes animales semblent surgir de la roche. Un hommage vibrant à nos origines et à cette première pulsion artistique : représenter le vivant.

Quand les animaux incarnent nos mythes…

L’Antiquité a fait des animaux les messagers des dieux : Bastet la chatte bienveillante, Anubis le chacal des morts, ou encore le taureau sacré de la Crète. Cette part de sacré, on la retrouve dans les œuvres de Jeannette Guichard Bunel. Son style surréaliste mêle les visages de femmes à des décors mystérieux où surgissent souvent des animaux – discrets mais puissants. Ils semblent incarner une part de leur inconscient, une mémoire enfouie, un totem personnel.

Le bestiaire médiéval, quant à lui, associait l’animal à une symbolique morale ou religieuse : la chouette comme messagère des ténèbres, le lion comme emblème de la force divine. C’est tout ce jeu de sens, parfois contradictoires, qui continue d’inspirer les artistes aujourd’hui.

 

Des animaux bien réels, mais chargés d’émotion

À la Galerie Graal, les animaux ne sont pas seulement des sujets de curiosité ou de légende. Ils sont des compagnons, des alter ego, des reflets de nos émotions.

David Jamin, par exemple, explore cette proximité affective dans plusieurs de ses œuvres. Dans Drôles d’oiseaux, il décline des petits volatiles en série, chacun exprimant une humeur ou une attitude différente. Plus qu’un simple jeu formel, c’est une galerie de portraits pleine d’humour et de tendresse. Même chose avec Fou de Bassan, qui d’un simple trait noir sur fond neutre parvient à capturer l’élégance sauvage de cet oiseau marin.

Quant à ses toiles mettant en scène des chiens – fidèles compagnons de l’homme – elles dégagent une intensité relationnelle : regards complices, moments de jeu ou de tendresse. Le chien n’est pas un accessoire dans ces compositions, il est un personnage à part entière.

Une animalité fantaisiste et joyeuse

D’autres artistes s’attachent à représenter les animaux dans des univers colorés, enfantins ou carrément loufoques. C’est le cas de Charlotte Lachapelle, qui peuple ses scènes naïves de petites souris malicieuses. On les retrouve dans des potagers, sur la plage, dans des intérieurs cosy. Ces scènes de vie familières, peuplées d’animaux humanisés, éveillent une douce nostalgie, comme une madeleine de Proust à poils.

Angélique Dufossé, elle, mise sur la puissance des couleurs et des formes rondes pour créer des animaux pop et attachants. Son Koala, avec ses grands yeux, ses lunettes et son cœur rouge, est une œuvre tendre et joyeuse, comme une peluche qui aurait pris vie. Un univers qui parle aux enfants comme aux adultes, et qui évoque la douceur de l’enfance.

 

Des chevaux majestueux et puissants

Impossible de parler d’animaux dans l’art sans évoquer le cheval, cet animal noble qui accompagne l’homme depuis toujours. À la Galerie Graal, Georges Corominas lui rend un hommage vibrant dans ses toiles spectaculaires.

Dans Liberty, un cheval blanc en plein cabré occupe tout l’espace du tableau. Sa crinière s’envole, sa puissance explose dans une palette de couleurs presque célestes. Dans Séville, l’artiste met en scène des cavaliers andalous et leurs montures avec grâce et vivacité. Les robes des chevaux, les vêtements des personnages, les décors : tout est soigné, précis, chargé d’un romantisme solaire.

Avec Plaza de Toros de Daniel Densborn, c’est une autre facette de la relation homme-animal qui est abordée : la tension dramatique, la force brute, l’art de la tauromachie. Le taureau, noir et massif, fait face à une danseuse en rouge – une scène de confrontation symbolique qui capte l’instant où tout peut basculer.

 

L’éléphant comme figure de sagesse et d’humanité

Charles Stratos, lui, a choisi l’éléphant comme animal emblématique de sa série Défendez-moi. Dans ces œuvres abstraites aux accents naïfs, il donne à voir des éléphants colorés, stylisés, touchants. Au-delà de leur esthétique, ces créations portent un message : celui de la protection animale, du respect des espèces menacées. En choisissant un style accessible, presque enfantin, Stratos sensibilise tout en émerveillant.

 

Les animaux, miroir de l’humain

À travers cette diversité d’approches – réaliste, symbolique, naïve, engagée ou abstraite – une constante demeure : l’animal parle de nous. Il est ce double silencieux qui reflète nos émotions, nos peurs, nos espoirs. Il incarne tantôt notre force, tantôt notre fragilité. Il est à la fois modèle et métaphore, muse et miroir.

La peinture animalière contemporaine n’est plus seulement une affaire de zoologie : c’est un art profondément humain. À la Galerie Graal, les artistes que nous exposons réinventent ce lien, chacun à leur manière.

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